Interview


Barry Kibrick interroge le Professeur Robert Maurer au sujet de son livre sur le Kaizen :


"One small step can change your life, the Kaizen way"

En français :   Un petit pas peut changer votre vie


L'interview est en anglais.
Vous trouverez la transcritption en français en dessous des vidéos





                                           1 ère  Partie


Barry Kibrick : Le Docteur Robert Maurer nous montre comment le fait de faire des petits pas peut nous aider à changer plus facilement et plus efficacement

Il a aidé de nombreux patients et organisations à réaliser leurs objectifs et atteindre l'excellence en utilisant des techniques qui permettent de contourner les résistances qu'oppose notre cerveau lorsque l'on essaie d'adopter de nouveaux comportements.

Barry Kibrick : Docteur Robert Maurer, en lisant votre livre je me suis aperçu que cela fait dix ans que je pratique sans le savoir, la méthode des petits pas pour faire des changements dans ma vie. J'ai donc été très intéressé de lire un livre qui m'explique comment je fais pour changer. Mais ce qui m'étonne, c'est que cette méthode porte un nom japonais alors que vous dites dans votre livre qu'elle a débuté aux Etats Unis et qu'elle a été apportée au Japon par le général Mac Arthur.
Robert Maurer : Oui, le général Mac Arthur et aussi Dr. W. Edwards Deming ont aidé des entreprises japonaises comme Honda et Toyota à fabriquer des produits que l'on considère maintenant comme étant parmi les meilleurs du monde en terme de qualité, en utilisant des techniques nouvelles parmi lesquelles le Kaizen.

BK: Certaines personnes réussissent à changer d'un seul coup, mais la plupart d'entre nous rencontrons des résistances au changement. Est-ce que le Kaizen peut nous aider à contourner ces résistances ?

RM : Oui car souvent nous pensons que le fait de faire de grands changements va apporter de grands résultats mais nos recherches montrent qu'en fait, les grands résultats commencent souvent par de petits changements. Vous en avez fait l'expérience dans votre vie et moi aussi et cela se vérifie aussi dans les entreprises, que ce soit pour changer l'organisation ou faire de nouveaux produits, ça commence souvent par quelqu'un qui a une toute petite idée qui peut paraître insignifiante au départ et qui pourtant, de fil en aiguille, aboutit à de grands changements.

BK : Dans notre culture occidentale nous avons l'habitude d'associer les grands résultats à de grands changements radicaux. N'est-ce pas cela qui nous empêche d'adhérer à cette méthode qui nous recommande de faire de tout petits pas ? Comme le cas de cette patiente qui n'arrivait pas à faire de l'exercice physique et que vous avez persuadée de se tenir debout sur son tapis roulant d'appartement pendant 30 secondes par jour sans rien faire d'autre…

RM : Oui, on aurait pu passer des mois, peut-être des années, à rechercher les traumatismes de son enfance qui l'ont dégoûtée de faire du sport. Mais ça ne l'intéressait pas et ça n'aurait pas été très efficace. Or on s'est aperçu qu'en faisant ce tout petit exercice qui était à sa portée, peu à peu sa peur de l'exercice physique s'est estompée, elle a commencé à faire quelques pas, et maintenant, un an plus tard, elle court 2 à 3 kilomètres chaque jour.

BK : Une chose que j'ai ajouté à cette méthode des petits pas, c'est de ne jamais aller au-delà de ce que j'avais envie de faire ce jour-là, de ne jamais me forcer à aller plus loin, pour garder l'envie de revenir au gymnase le lendemain. Qu'en pensez-vous ?

RM : Oui, quand on pense à faire de l'exercice physique, on pense à tout le temps qu'il faudra pour se préparer, y aller, revenir… La plupart d'entre nous n'ont pas beaucoup de temps mais on peut tous trouver quelques minutes et si on fait comme vous dites, le corps s'habitue peu à peu et on finit par prendre plaisir à ce qui au départ pouvait apparaître comme une corvée.
BK : Dans votre livre vous dites que le cerveau est en trois parties : le cerveau reptilien, le cerveau mammalien et le cortex. Et vous dites que le blocage se situe au niveau du cerveau mammalien et que la résistance au changement serait instinctive.

RM : Oui, la perspective d'un changement déclenche dans une partie de notre cerveau mammalien, qu'on appelle l'amygdale, une réaction de peur qui nous paralyse et nous pousse à chercher des excuses pour ne pas le faire. Mais si vous faites ce changement par petites étapes, vous traversez le processus de changement sans réveiller votre amygdale et vous réalisez un grand changement sans qu'elle s'en aperçoive. Vous réalisez que vous avez fait un grand bond en avant…

BK : …en faisant des petits pas ! Mais je remarque que dans votre livre vous faites une distinction entre stress et peur. Vous dites que quand nous parlons de stress c'est en fait parce que nous ne voulons pas dire que nous avons peur. Pouvez-vous expliquer ça ?

RM : Oui, toutes les maladies et désordres psychiatriques que nous traitons aujourd'hui ont été décrits avant la naissance du Christ. Ce qui montre que la misère humaine n'a pas beaucoup changé depuis ce temps-là. Mais on a commencé à parler de stress en 1938. ça fait donc environ 70 ans que nous faisons des recherches sur ce sujet et nous trouvons que ce que nous appelons stress n'est autre qu'une réaction naturelle à quelque chose qui nous fait peur. Dans la nature quand un être vivant a peur, il se sauve ou bien il charge son adversaire ou bien il rejoint son groupe pour trouver un soutien. La peur est naturelle et nous en avons besoin car elle nous protège. Mais dans notre monde moderne elle devient pathologique car nous ne pouvons pas avoir la réaction naturelle de fuir ou combattre. Nous ne pouvons pas non plus rejoindre un groupe pour demander de l'aide car nous avons peur de dire que nous avons peur, alors nous la rentrons en nous et nous la cachons derrière le mot stress. Dès notre enfance on nous a appris à rentrer et à cacher notre peur. Et maintenant nous passons notre vie à nous protéger des autres plutôt que de nous tourner vers eux pour demander de l'aide.



2ème partie




BK : Ceci nous amène à parler de ces grandes questions toxiques que nous nous posons en particulier sur nous-mêmes : Pourquoi suis-je comme ça ? Pourquoi suis-je un minable ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas être comme tout le monde ? Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à être comme je veux ? Vous dites dans votre livre que nous devons remplacer ces question toxiques par de toutes petites questions sur nous-mêmes. Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
RM : Une chose très importante à comprendre, c'est que notre esprit ne peut pas refuser une question. Alors si nous passons la journée à nous demander Pourquoi suis-je si minable ? Le cerveau va se dire oh ça doit être une question importante, il faut que je trouve des réponses et il va passer la journée à chercher des informations réelles ou imaginaires qui vont confirmer qu'effectivement je suis un minable et qui vont m'expliquer pourquoi. Le cerveau va enregistrer ces informations négatives parce que vous l'avez programmé dans ce sens par la question que vous avez posée au départ. La bonne nouvelle, c'est que si vous changez la question, vous changez ce que le cerveau enregistre. Par exemple on peut se demander : Qu'est-ce que j'aime en moi ? De quoi puis-je être reconnaissant envers la vie ? Qu'est-ce qui me rend heureux ? Qui m'aime ? Qui pourrais-je aimer ?
Ça c'est déjà une chose : changer la nature des questions. Mais ce n'est pas suffisant, il est quelquefois nécessaire de fractionner ces grandes questions en plus petites pour que le cerveau puisse les accepter : "Qu'est-ce que j'aime en moi maintenant ? De quoi puis-je être reconnaissant envers la vie aujourd'hui ? Qu'est-ce qui me rend heureux en ce moment ?" Et vous verrez que des petites réponses vont venir facilement. Bien sûr ça ne dure qu'une fraction de seconde, mais ce qui est magnifique c'est que le cerveau s'habitue à ces questions et il finit par passer ses journées à rechercher et enregistrer des informations pour y répondre(de quoi suis-je reconnaissant ? Qui m'aime ? Qui pourrais-je aimer ?) de sorte que la prochaine fois que vous posez la question, votre cerveau a déjà l'information prête pour vous répondre.
BK : On remarque que ce sont les personnes qui sont les plus indulgentes aves les autres, qui sont aussi les plus exigeantes avec elles-mêmes. Or si elles sont si indulgentes avec les autres c'est parce qu'elles posent continuellement ces petites questions positives. Elles ont donc tout l'équipement mental dont vous parlez, si seulement elles pouvaient retourner ces questions envers elles-mêmes ?
RM : Oui et la raison pour laquelle elles ont du mal à le faire est qu'elles ont vécu leur enfance avec des parents qui sans forcément être dures avec elles, étaient dures avec eux-mêmes. Et à leur contact, le cerveau mammalien a développé en eux cette attitude critique de la même façon qu'on développe un accent du Sud ou de Boston au contact des personnes avec qui on vit. Par contre le cortex a enregistré l'idée qu'il est bien d'être gentil, patient et généreux avec les autres. Ainsi le problème que vous soulevez vient du fait que l'attitude qu'on a envers les autres et envers nous-mêmes est gérée dans deux parties différentes du cerveau.
BK : Vous faites remarquer dans votre livre que les personnes qui sont le plus dures avec elles-mêmes sont celles qui résistent le plus au changement et qui ont le plus de mal à demander l'aide d'un thérapeute parce que cela signifie pour elles, reconnaître qu'elles sont défectueuses, qu'elles ne sont pas normales. Pour aider ces personnes-là, vous préconisez de leur présenter le changement comme un voyage naturel que l'on effectue petit pas par petit pas, en se posant les petites questions dont nous venons de parler…
RM : ..et aussi de voir les problèmes qui se présentent dans leur vie comme une salle de classe, une occasion d'apprendre et encore une fois en fractionnant tout ça en petites étapes, à la façon Kaizen, de sorte qu'elles puissent apprendre d'une façon agréable, intéressante et sans que ce soit une source de peur.
BK : Parlons maintenant de la sculpture du mental et de la visualisation dirigée… j'ai essayé de faire ça des tas de fois et même avec les exercices que vous proposez dans votre livre, je n'y arrive pas ! Pouvez-vous me donner une petite consultation sur ce problème docteur ? D'où vient cette résistance alors que je n'ai aucune difficulté à poser de petites questions, faire de petits pas…
RM : C'est précisément parce que vous êtes passé maître dans l'art de poser de petites questions et de faire des petits pas que vous êtes réfractaire à la sculpture du mental : votre cerveau sait que vous n'en n'avez pas besoin. Mais il y a des gens qui sont incapables de faire même le plus petit pas parce qu'ils trouvent cela trop effrayant ou trop ennuyeux, alors nous leur enseignons à faire de plus petits pas encore, à bouger dans leur tête seulement, comme les athlètes qui ne peuvent pas bouger sur leur lit d'hôpital et qui continuent à se visualiser dans leur tête en train de s'entrainer. J'ai eu cette idée en lisant un livre qui porte ce titre : la sculpture du mental. J'étais dans l'avion, j'ai refermé le livre, j'ai fermé les yeux et je me suis visualisé au sol, dans un gymnase, en train de soulever des poids. J'ai senti les muscles de mes bras qui se contractaient, j'ai commencé à respirer plus vite, mon cœur s'est mis à battre plus rapidement… On s'est aperçu qu'en faisant ce type d'exercice, on brûle 25% des calories qu'on brûle en faisant l'exercice physiquement. La sculpture de mental fonctionne parfaitement parce que le cerveau est si stupide que quand vos yeux sont fermés, il ne sait pas où il est, et il envoie au corps les messages qui correspondent à ce que vous visualisez mentalement. C'est donc une méthode qui permet à certaines personnes de se conditionner pour avancer dans la direction de leur but, surtout si c'est un but qui fait peur.




                                                                       3ème partie




BK : Vous parlez aussi dans le livre de l'effet étonnant que peuvent avoir des petits mots comme : Excusez-moi ou Merci, pour non seulement changer le monde mais aussi nous-mêmes.
RM : Oui, à force de nous focaliser sur les grands changements d'innovation spectaculaire, nous oublions toutes les petites occasions que nous avons, moment après moment, de rejoindre les gens et d'intervenir positivement dans leur vie. Et dans mon livre je donne l'exemple auquel vous faites allusion, d'une clinique qui a redressé sa situation sans recourir à des changements draconiens et spectaculaires qui auraient coûté beaucoup d'argent, simplement on a demandé au personnel de s'adresser à la clientèle en disant des petits mots comme Excusez-nous et Merci. Et ce petit changement a tout changé !
BK : On pourrait même aller plus loin. Vous écrivez dans votre livre : si vous trouvez que les petits pas ne marchent pas, n'essayez pas d'en faire de plus grands, au contraire revenez en arrière et faites en de plus petits.
RM : Oui, une des raison pour lesquelles j'ai écrit ce livre, c'est pour faire comprendre aux gens que la plupart des grandes innovation de notre temps comme le four à micro-ondes, Internet, E.bay  etc sont le fait d'une petite observation fortuite ou même d'une erreur que quelqu'un a faite, une petite idée de rien du tout à laquelle quelqu'un s'est intéressé alors que tout le monde trouvait ça sans intérêt parce que nous vivons dans une société qui a la culture du spectaculaire.

Apréciation :
Un petit pas peut changer votre vie est un livre qui se lit facilement. On y trouve une explication simple de la méthode de changement dite "des petits pas" avec beaucoup d'exemples concrets montrant comment des gens ont pu, grace à cette méthode, surmonter leur réticence souvent profonde au changement et ainsi transformer leur vie dans un domaine particulier.
Ce livre montre les différentes étapes de la méthode qui sont très simples à mettre en oeuvre et qui reposent sur le principe optimiste que toute situation peut être améliorée et que cette amélioration commence par un premier petit pas. Lorsque celui-ci est fait, un deuxième petit pas apparait... Et les petits pas s'enchaînent d'autant plus facilement qu'ils sont petits et ne déclenchent donc pas la peur du changement qui paralyse si souvent ceux qui voudraient changer leur vie.
L'auteur signale par exemple la nécessité trop oubliée de s'accorder de petites récompenses chaque fois qu'un premier petit but a été atteint. Le changement a besoin d'un moteur, ce sont les petites récompenses.
On peut recommander ce livre à tous ceux qui ont déja essayé, en vain, de changer leur vie ou tout simplement de l'améliorer, parce qu'on y trouve...
  • une méthode simple
  • qu'on peut appliquer dans tous les domaines de la vie (professionnelle ou personnelle) 
  • et que l'auteur expose les choses clairement avec beaucoup d'exemples concrets
Et parce qu'il peut montrer même aux enfants comment on peut atteindre des buts importants en faisant des petits pas, ce que les enfants bien sûr savent faire mieux que nous.

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